Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris.
— Oscar Wilde
Je suis né à Londres en 1915. Mon arrivée à Londres a eu lieu le 30 juillet, jour de ma naissance. Cette ville me plait. Depuis le début de la guerre, ma vie a changé, je suis désormais In the army, car dans la vie je suis cryptanalyste. Côté amours, je suis célibataire, que voulez-vous, c’est ainsi. Ma tête? Il s’agit d’Alexander Vlahos par me/BBC/Tumblr.
Biographie
Le 30 juillet 1915
Blake Evans et Sara Butller, mes parents, lui anglais de pure souche et elle originaire du pays de Galles, se marièrent au cours de l’hiver 1914. Et ce, un peu à la va vite puisque mon père voyait sa permission se terminer deux jours plus tard et ses ordres de missions l’envoyer se battre sur les côtes européennes. C’est ainsi que je naquis au cours de l’été suivant et de manière assez inattendue vu mon empressement à apparaître. Ni l’un ni l’autre n’ayant souhaité d’enfant si tôt et encore moins en plein conflit. Mais cela n’empêcha en rien le fait d’être choyé comme tout autre.
J’aurais pu, tout comme de nombreux enfants de soldats, grandir dans l’ombre d’un père absent, disparu au champ d’honneur mais nous avons heureusement goûté à cette chance de n’avoir pas eu à survivre à une telle perte. Mon père revint blessé et décoré mais en vie, ce qui demeurait le principal à nos yeux. Et c’est une fois l’armistice et les accords de paix bel et bien signés que vint ma jeune soeur, Emily, pour qui je devins le grand frère le plus protecteur qui soit. Un peu trop peut-être selon certains.
Après une enfance sans gros soucis et des études prometteuses, je me dirigeais le plus naturellement du monde selon certains, vers une carrière militaire. Et c’est d’ailleurs lors de mes premiers mois de service, entre un coup à la tête et quelques points de suture que j’y fis la connaissance de celle qui allait partager ma vie. Du moins, c’est ce que j’espérais à l’époque, Connie. Infirmière au sein du camp, légèrement plus âgée que je ne l’étais mais quelle importance, à la fois douce et professionnelle. Elle fut d’une oreille attentive et capta plus que mon attention. Et d’une simple amitié, nous étions passé à bien plus. Mais cela ne dura pas. Celle-ci ayant entamé une demande de transfert depuis un moment, son départ aura raison de notre liaison et nous nous sommes alors perdus de vue.
Beaucoup de mes amis et parents, mon père en premier lieu pourtant, pensaient que je n’aurais jamais quitté le corps de l’armée régulière afin d’y poursuivre ma carrière, y ayant tout de même atteint le grade de sergent. Par mimétisme sans doute et afin de ressembler à ce modèle paternel qui, entre temps, avait monté bien des échelons, arrivant à celui de colonel, très certainement. A cette époque, pratiquement fiancé avec une demoiselle répondant au doux nom de Margareth et qui travaillait à l’ambassade, j’intégrais le Government Code and Cypher School afin de devenir cryptanalyste. Ce qui me mènera plus précisément à un poste au service de renseignements, traduction et analyse de décryptages par la suite.
C’est mon père, justement, qui connaissant mes aptitudes à manier quelques langues (l’anglais forcément, un peu de gaélique grâce à ma mère puis le français et l’allemand pour des raisons pratiques) ainsi que, selon lui, un bon esprit logique et une grande tendance à demeurer patient en toute circonstance (pour peu que l’on ne touche à aucun sujet qui fâche), me glissa un jour sous le nez une grille de mots croisés d’apparence banale. Me mettant alors au défi de la réaliser en moins de douze minutes. Prenant cela à la légère sur le coup, je refusais, pensant à une blague bien qu’il n’eut pas vraiment d’attrait pour ce genre d’humour. Mais il insista, me titillant sur des sujets qu’il ne connaissait que trop bien pour savoir que j’allais finir par accepter tout en ne pouvant sur le moment, me dire de quoi il retournait bien entendu. Et la grille fut faite dans les temps impartis.
C’est sans doute pour cela que bien des fois, quelques mauvaises langues virent à certifier que je ne pus rejoindre le GC&CS que grâce aux relations de mon père. Rumeurs dont je gratifiais ceux en étant à l’origine et à force de les entendre, de mes plus sincères expressions et de quelques dents en moins.
En 1939, juste après le déménagement des locaux vers Bletchley Park, je me retrouvais seul une fois encore. Sentimentalement parlant j’entends. Bien que ravie au début, ma chère et tendre se prit soudainement d’une aversion chronique pour tout ce qui portait l’uniforme, moi y compris. Et c’est après bien des disputes et de menaces de séparations à répétition de sa part que finalement, blasé, je pris armes et bagages -littéralement- afin de loger en bon célibataire dans l’une des chambres réquisitionnées pour l’occasion de l’Elmers School, un internat tout proche. Et ou je loge toujours actuellement. Apprenant des semaines plus tard que, ironiquement, elle s‘affichait désormais au bras d’un membre de l’US Air force. Comme quoi ce n’était nullement l’uniforme mais sans doute celui qui s’y trouvait à l’intérieur qui posait problème. De quoi me remettre en question ou de constater qu’il y a chez les femmes quelque chose qui m’échappe parfois…
Entre temps, nous subissions alors le retour des hostilités pour un second round des plus meurtriers. Comme si la guerre de ma plus tendre enfance n’avait pas suffit et qu’il fallut encore une fois son lot de morts au combat au nom de diverses causes bien que justes.
Et comme si cela ne suffisait pas, ce fut ma jeune soeur qui se retrouva dans une bien fâcheuse situation. Ayant été mis dans la confidence par hasard, je me retrouvais donc moi-même investi d’une mission. Celle de retrouver cet homme l’ayant charmé puis laissée pour compte, elle qui porte aujourd’hui son enfant et terrorisée à l’idée même que notre père soit au courant. Ce que je me garderai bien de faire.
Et avec tout cela, ce que je peux dire de plus ? En général, je suis perçu comme quelqu’un de relativement ouvert, raisonnable, sociable et honnête. Mais comme vous l’avez sans doute deviné, je peux également démarrer au quart de tour si l’on pousse le bouchon trop loin. Sans pour autant être taillé comme un arbre, j’ai tout de même suivit un entraînement militaire et en garde des réflexes. Mis à part la cigarette, je ne possède pas vraiment de vices inavouables tel que l’alcool par exemple et sait me tenir en société. L’on me dit également pointilleux dans mon travail ainsi que protecteur, dans le sens étouffant du terme en ce qui concerne mes proches. D’avoir eu à subir quelques remarques sur ma nomination, voire même des suites de certains échecs personnels, je garde également cette étrange impression de devoir fatalement être dans l’obligation de prouver quelque chose à quelqu’un, de faire mes preuves. Mis à part cela et comme il est complexe de parler objectivement de soi, je ne puis que vous inviter à y parvenir par vous-même.